jeudi 11 avril - Des petits voiliers innovants

par Marie-Claude Castex

Jean Castex, ingénieur polytechnicien, diplômé du Génie Maritime, entre aux Chantiers de Penhoët en 1927 pour participer à la construction des bâtiments commandés par la Marine Nationale. Ce fut tout d’abord la construction du sous-marin «Fresnel» lancé en 1929, puis celle du contre-torpilleur «Valmy» qui lors de son premier essai en mer devait atteindre la vitesse record de 39,85 nœuds. Les chantiers vont en effet rechercher et utiliser toutes les innovations possibles (forme, matériaux, soudure, propulsion) pour la construction des bâtiments. Vont suivre le croiseur «Jeanne d’Arc»,le contre-torpilleur «Maillé-Brézé» ou les croiseurs«Emile-Bertin» et «Georges-Leygues» et encore le célèbre paquebot «Normandie».

Après le travail de la semaine, Jean Castex, amoureux de la mer, imagine et construit pendant ses loisirs un voilier d’un nouveau type, avec deux flotteurs et une voile:un catamaran. Il utilise un matériau nouveau, le duralumin, et les tôles sont rivetées (comme la coque du Normandie).En 1934, il peut ainsi partir explorer les bords de la Loire ou les rivages de l’Atlantique...

Le temps passe...En 1962, le catamaran est maintenant l’embarcation favorite de ses quatre enfants pour explorer la baie de la Baule et ses îlots. Bientôt retraité du Bureau Véritas,où il travaillait depuis 1946 comme chef du Service Technique des constructions navales, sa décision est prise : il va construire un voilier de promenade habitable et il prend contact avec le Chantier Gouteron qui, à la Baule, développe des dériveurs de faible tirant d’eau. Il utilise les plans d’un super-Simoun de 5,80 m dessiné par Emile Pradelle et démarre seul la construction du voilier. Une nouvelle fois il va innover: son esprit pratique lui fait imaginer (et prendre un brevet) une dérive en deux parties relevables : abaissées elles forment ensemble une dérive ayant l’aspect d’un bulbe classique; dans la position relevée, les demi-bulbes sont horizontaux ce qui permet de faire reposer l’embarcation n’importe où.

Puis un jour, le bateau est prêt ! On le met à l’eau: il est baptisé SIMEX ... Et c’est le bonheur de naviguer avec ce beau voilier et ses enfants, plusieurs étés,dans la baie de la Baule, le long de la Grande Côte jusqu’au Croisic et plus loin encore. Mais, le 8 janvier 1972, Jean Castex partira vers d’autres rivages, ceux de l’éternité...