SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914)...-18

A la Belle Epoque, ... vous chantiez ?

Ouvrons cette nouvelle parution par une information parue dans le Courrier de Saint-Nazaire, le 6 juillet 1900 !

Le Tribunal Correctionnel a condamné Monsieur Taconnais, maçon à Saint-Nazaire, à une amende de 16 francs, pour avoir chanté des romances " trop fin de siècle " ! Le salaire moyen, en 1900, pour un ouvrier, est de 3 à 5 francs par jour. Cette amende ne représente donc pas moins de 5 jours de travail !

Nous comprenons que le journaliste parle de chansons très certainement paillardes ! Le Théâtre libre évoqué dans l'article est un mouvement théâtral né en 1887. Il se distingue par une mise en scène réaliste et par l'interprétation de jeunes écrivains naturalistes Français, tel Emile Zola, qui restaient exclus des scènes officielles. Ce théâtre est perçu comme un théâtre de provocation.

Dans un autre style, mais toujours dans la même thématique " si vous chantiez ! ", le Courrier de Saint-Nazaire du 19 mai 1900 nous fait part du déroulement d'une fête avec au programme des chansons de Yann Nibor et Théodore Botrel.

Qui sont ces deux chanteurs ?

A la fin du XIXème siècle, les artistes sont nombreux à jouer la carte du folklore régional. Et, les Bretons ont la part belle ! Deux chansonniers bretons vont se faire connaître pour leurs chansons : Yann Nibor et Théodore Botrel.

• Jean Baptiste Théodore Marie Botrel, né le 14 septembre 1868 à Dinan, et mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven où il est inhumé.

Il est l'auteur de la fameuse chanson : La Paimpolaise

• Yann Nibor, 1857-1947 est né Albert Robin, à Saint-Malo. Lorsque la gare de 1870 éclate, le très jeune Robin s'engage comme mousse, puis comme fusilier dans la marine. C'est lors de son service à bord des cuirassiers qu'il commence à  exercer ses talents de chanteur.

Yann Nibor raconte la vie et la misère de ces " damnés de la mer ". Un jour de 1889, apprenant le naufrage de deux navire malouins au large du Canada, il écrit une complainte en souvenir des 179 marins disparus. Le succès fut immédiat. Tout Paris se presse pour l'écouter.

Voici les paroles :

Enfin, une pépite trouvée dans l'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire nous informe, dans un article paru le 18 février 1894, la création du CAVEAU NAZAIRIEN !

A la lecture de l'article, nous comprenons que c'est une société qui s'installe rue Amiral Courbet, au Café Maritime. Mais pour quoi faire ?

Leur devise nous donne l'ambiance de cette société !

Enfin, nous comprenons le but de la société : réunir les amateurs de chants !

Le journaliste fait une petite incursion historique. Cette société s'inscrit dans une longue tradition de sociétés chantantes:

Ainsi, nous apprenons que le premier CAVEAU a été créé en 1729 :

Le CAVEAU de Saint-Nazaire s'inscrit donc dans cette longue tradition de chansons comiques, pathétiques, drôlatiques :

Cette société va organiser régulièrement des manifestations. Ainsi, en 1896, le Phare de la Loire, dans son édition du 20 août annonce la fête du caveau nazairien.

Les sociétés chantantes telles que la " Société du Caveau " (de 1729 à 1939) sont décrites par certains historiens comme des "goguettes" qui n'osent avouer en être.

Les " goguettes " sont des sociétés chantantes très fameuses et le plus souvent oubliées aujourd'hui. Le but d'une goguette est de se distraire, être heureux ensemble et aussi chanter. D'où l'expression toujours usitée : " partir en goguette ".

Si la Société du Caveau a disparu, il existe toujours, à Paris, LE CAVEAU DE LA REPUBLIQUE, célèbre cabaret fondé en 1901.

De 1838 à 1916, la Société du Caveau publie un recueil annuel: Le Caveau. Dans la base d'archives de la BNF, Gallica, on peut trouver les volumes édités de 1838 à 1907 :

Dans ces recueils, se trouvent toutes les chansons entonnées pendant les banquets. Ainsi sur l'air de " C'est la faute de Voltaire ":

• Et pour terminer son article, Brigitte BOUREAU qui a fait toutes les recherches et rédigé les textes, nous propose de faire nôtre la devise du CAVEAU NAZAIRIEN :

VIVE LA JOIE ET LA GAIETE !