SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914)...-22
AVIS DE TEMPETE EN MER ! Urgence Secours ! (appel normalisé SNSM)
Si, de tous temps, les naufrages et leur cortège de victimes n’étaient pas rares, ils étaient, trop souvent, considérés comme une fatalité…
En France, au début du XIXème siècle, le sauvetage en mer relevait, certes du devoir moral, mais reposait sur le bénévolat ou sur quelques sociétés philanthropiques privées comme il en existait en 1825 à Boulogne sur mer, Le Havre, Dunkerque ou Bayonne, etc. Aucune organisation centrale n’existait.
Mais, au cours du XIXème siècle, la circulation maritime est de plus en plus importante : les voies maritimes de commerce se développent, les drames sont donc de plus en plus fréquents ! Pour autant, l’idée d’organiser véritablement, de façon structurée et centralisée, le sauvetage en mer est longue à s’imposer en France : il faudra attendre plusieurs décennies pour que l’Etat intervienne.
En février 1865, conscient de la nécessité d’assurer la sauvegarde de la vie humaine le long du littoral français, le gouvernement français crée, à Paris, la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés (SCSN).
L’impératrice Eugénie, elle-même, aide la création de ce service d’Etat en offrant 2 canots sur ses deniers.
Dès lors, la SCSN s’organise avec ses comités de sauvetage, ses stations de surveillance, ses employés, ses canots, tout au long des côtes…L’obligation moderne d’assistance est née, et définitivement.
Le Courrier de Saint-Nazaire nous apprend que la SCSN tient d’ailleurs une assemblée générale à Paris :
(Le Courrier de Saint-Nazaire - 1er mai 1886)
L’ assemblée générale est l’occasion de dresser le palmarès des sauveteurs. L’évènement est d’importance et de nombreuses personnalités y assistent. Le Courrier de Saint-Nazaire s’en fait aussi l’écho.
(Le Courrier de Saint-Nazaire - 19 mai 1906)
Dès 1866, compte tenu de l’importance du trafic maritime et des risques encourus par la présence des nombreux rochers, principal cause de naufrage, une station est créée à St Marc.
(L’Avenir de l’arrondissement de Saint-Nazaire du 13 novembre 1892)
A Saint-Marc, comme dans les autres stations, notons que les canots s’apparentent à des chaloupes, mesurant entre 8 et 10 mètres, pouvant ramener 10 à 15 naufragés. La motorisation arrivera beaucoup plus tard...
A Saint-Marc, les douaniers, habituellement chargés d’intercepter sur la côte les fraudeurs qui essaient de ne pas payer l’octroi à l’entrée de la ville, sont recrutés pour le sauvetage en mer. Le travail est bien payé, mais il faut savoir nager, ce qui n’est pas toujours le cas à cette époque. Les interventions ne sont pas rares : une vingtaine, dès les dix premières années de la station !
(Le Courrier de Saint-Nazaire relate régulièrement dans ses pages ces sauvetages périlleux, comme dans son édition du 19 mai 1900)
La station de Saint-Marc verra se succéder 5 canots de sauvetage dans son hangar. Une dizaine d’employés y travaillent.
Et à chaque fois, le baptême et la mise à l’eau d’un nouveau canot sont l'occasion d’une grande fête dans le bourg ! En 1907, le 24 mai, le baptême du Rachel-Prosper par l’abbé Jean Blois rassemble sur la plage une grande foule venue assister au spectacle.
En 1913 encore, on se presse pour le baptême du Meg-Charcot, offert par la belle-mère du Commandant Charcot.
Voyez cette photo :
(La presse régionale relate le déroulement de cet évènement, de cette « belle cérémonie » notamment dans l’Union bretonne du 05 avril 1913)
Ou encore dans les pages du Phare de la Loire, en date du 21 mars 1913 :
un long article relate cet important évènement:
Après le baptême et la mise à l’eau, vient le moment des nombreux toasts, dont celui de M. Charcot:
Toute la "bonne société" est là et aucun nom n'échappe au rédacteur:
L’article est long, mais il ne suffit pas pour l’importance du don. Le Phare de la Loire reviendra même une dizaine de jours plus tard sur le même sujet.
Il n’empêche. En 1924, la station de sauvetage de Saint-Marc disparaît au profit de Saint-Nazaire. Seule reste aujourd’hui la digue qui servait de protection pour le canot de sauvetage lors de l’accostage. Le hangar, qui abrita le Rachel-Prosper, le Meg-Charcot et les autres, est détruit…
La SCSN, quant à elle, survit jusqu’en 1967, date de sa fusion avec la HSB (Hospitaliers-Sauveteurs-Bretons), société de bienfaisance créée à Rennes en 1873 sur le même modèle, pour fonder finalement la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer).
La SNSM connut bien des évolutions mais c’est une autre histoire…
Merci à tous les sauveteurs, d'hier et d'aujourd'hui !
Paru en septembre et disponible à la vente sur le site !
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