SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914)...-23
La foire aux sabots et aux oignons !
Oignons, bestiaux, sabots, manèges, cirque, ménagerie, camelots, berlingots, chansons populaires, femme-chien, cinéma ! Vous trouverez tout à la foire aux sabots et aux oignons de Saint-Nazaire !
Chaque année toute la population de Saint Nazaire et des environs attend avec impatience la foire de septembre dite "aux oignons et aux sabots".
A la Belle Epoque, deux foires se déroulent à Saint-Nazaire, en Avril et en Septembre, alternativement sur la place du bassin et sur la place Marceau. (le 15 Septembre 1884 a lieu sur la place Marceau la première foire). A compter de 1896 les foires seront organisées uniquement sur la place Marceau délaissant ainsi la place de du bassin.
(La presse se fait l’écho, chaque année de ce rendez-vous. Le courrier de Saint-Nazaire du 16/09/1899 relate la foire qui s'est tenue la veille)
Les sauniers venus de Batz, Saillé, Guérande venaient vendre leurs oignons renommés « jaune paille des vertus »: 1 Frs à 1,25 Frs le quartaut (double boisseau).
Wikipédia nous apprend que le boisseau est un récipient de forme cylindrique destiné à mesurer les matières sèches (grains et farines), de capacité variable suivant les lieux et les époques. Le boisseau métrique valait 10 litres. Des oignons pour tout l’hiver !
Chaque famille achetait ses sabots pour l’année : 12 pour les enfants et 6 pour les adultes. Les sabots venaient de Nantes. Les sabots sont utilisés par toute la population. Ils sont taillés à partir d'un bloc de bois vert car le bois sec, trop cassant, se fend tout de suite.
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Pour l’occasion, la compagnie de Navigation de la Basse-Loire proposait 1 billet aller-retour, Nantes - Saint-Nazaire au de 2 fr en deuxième classe. Il fallait compter 2 h 30 de trajet. La compagnie avait prévu la possibilité de se restaurer, à bord, à prix modéré !
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La foire aux sabots et oignons se tenait pendant trois semaines. Elle était un lieu de commerce important mais aussi une fête !
Les foires attiraient des marchands de foires, appelés forains, qui venaient souvent de loin.
Tout au long du XIXe siècle, la foire propose de nouvelles attractions : carrousels à vapeur, chenilles-vagues, maisons hantées, petits trains… ou encore le cinéma, qui est avant tout un spectacle forain. A la Belle époque, le champ de foire est un véritable condensé du monde où chacun peut accéder aux dernières découvertes : mathématiques, magnétisme, électricité, optique mais aussi médecine, botanique et zoologie avec les ménageries foraines …
Les journaux annoncent le programme !
En 1892 la foire de septembre, place Marceau va accueillir :
" La grande ménagerie Pezon, le cirque Truzzi, un important musée, des chevaux de bois, la femme chien et nombre de somnambules toutes de plus en plus lucides nous apprend avec ironie le journaliste ! "
(l'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire, 11 septembre 1892)
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Demandez le programme !
Ainsi dans son numéro du 17/09/1900 le PHARE DE LA LOIRE informe ses lecteurs sur les festivités.
« Chanteurs populaires, camelots à la verve endiablée, orgues de barbarie, cris stridents des sifflets des machines à vapeur, tambours, grosses caisses, tous ces bruits s’entrecroisent dans une cacophonie qui n’est pas dénuée d’originalité ! »
la description est attrayante,
et rendez-vous est pris pour l'année prochaine !
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Parcourons la foire aux sabots et oignons de 1896 !
(le Phare de la Loire - 16 septembre 1896)
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- Des confiseries :
Après la visite « des musées qui veulent imiter Grévin, des manèges, la ménagerie Poisson, vous pourrez vous rendre au grand tir aux berlingots »
Le fameux berlingot nantais connu de tous serait un dérivé d'une recette italienne, le berlingozzo. Une cantinière des armées du Consulat puis de l'Empire, Mme Couët, note cette recette, obtenue paraît-il en retour de l'aumône faite à une pauvre femme. Après avoir été récompensée par une médaille pour sa contribution au moral des troupes, Mme Couët revient à Nantes.
Sa fille utilise la recette pour vendre des confiseries sous le porche de son immeuble situé à l'angle de la place Royale puis elle s’installe dans une confiserie de la Place Royale, nommée « A La renommée des vrais berlingots nantais en 1780. Les nantais revendique Cette paternité. Problème : les confiseurs de Carpentras (Vaucluse) disent eux aussi être les descendants de l’inventeur du Berlingot. (Source Wikipédia) !
Gourmands : à vous de décider !
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- Du spectacle !
Vous pourrez vous laisser ensorceler par le spectacle de Miss Sandowa enroulée dans son manteau multicolore qui imite Loïe Fuller sans se préoccuper du dangereux voisinage des lions !
Nos recherches nous apprennent que Loïe Fuller, nom de scène de Mary Louise Fuller (22/01/1862 - 02/01/1928), est une danseuse américaine et l'une des pionnières de la danse moderne ; elle est célèbre pour les voiles qu'elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies de danse serpentine.
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- Une nouveauté : le cinématographe !
Partez à la découverte de la baraque de « Monsieur Grenier qui arrive avec une foule d’appareils scientifiques nouveaux et, notamment, un chronophotographe. Entendez par là un cinématographe. »
Dès 1896 le cinéma a rejoint les baraques foraines. Ernest Grenier est un personnage important dans le monde du cinéma forain de l’époque. C’était un forain adepte des nouvelles technologies. Il fait découvrir « l’arrivée d’un chemin de fer et le débarquement des voyageurs » aux Nazairiens. Les Grenier ont rayonné dans le quart nord-ouest, se rendant de foire en foire, entre 1897 et 1913. Avant la Première Guerre mondiale, la période faste du cinéma ambulant s’arrête. (Source : https://sallescinema.wordpress.com)
Les films sont présentés dans des baraques en bois, au confort souvent spartiate mais à la façade rutilante de stucs et de dorures. La féerie doit jouer d'emblée. Les forains achètent leur appareil de projection à Lumière ou Demenÿ, les films aux trois seuls réalisateurs français de ces temps héroïques du septième art : les frères Lumière, Charles Pathé et Georges Méliès.
Les films sont très courts - une minute et demie en moyenne - et bien sûr muets.
En 1896 le Phare de la Loire annonce qu’il sera offert à chaque spectateur un billet de tombola par Monsieur Grenier. Il annonce aussi que Monsieur Grenier a prévu d’offrir des représentations au profit des pauvres de la ville.
(Le Phare de la Loire - 7 octobre 1896)
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- Attention d’autres participants moins souhaités, les pickpockets !
(Le Phare de la Loire, 3 mai 1897)
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- N’abusons pas des foires !
Le Phare de la Loire, le 20 septembre 1899, publie une chronique afin de sensibiliser sur les dérives possibles des foires !
Le journaliste en introduction rappelle quelques statistiques intéressantes : 1 foire pour 700 habitants. Ce chiffre permet de mesurer l’importance des foires à cette époque.
« La flânerie conduit le paysan à la foire, la foire au cabaret, le cabaret à sa ruine »
le but premier des foires et marchés n'est pas répréhensible,
mais ...
ces foires ne seraient que prétextes à libations abusives !
En conclusion: « n’abusons pas des foires mais usons-en » !
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Et pour finir, une chanson !
Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel, né le 14 septembre 1868 à Dinan et mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven, est un auteur-compositeur-interprète français.
Nous l'avions longuement évoqué dans un précédent article.
POUR REAGIR SUR LES BILLETS DE NOTRE BLOG :
Bonne lecture et à très bientôt !
Paru en septembre et disponible à la vente sur le site !
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