SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914)-...13

Des épaves ... à récupérer !

A la Belle Epoque, la population Nazairienne connaît une forte croissance, passant de plus de 19 000 habitants en 1880, à plus de 38 000 en 1913.

Au début de cette période, les journaux présentent, de façon régulière, une rubrique intitulée "Epaves", autrement dit, les "objets trouvés" qui attendent leurs propriétaires.

Dans le Courrier de Saint-Nazaire, hebdomadaire paraissant le dimanche, ou dans le Phare de la Loire, quotidien régional, on peut lire ces inventaires à la Prévert.

Ainsi,

(Le Phare de la Loire - 25 novembre 1899)

(une frileuse est une coiffure d'hiver, pour les femmes, en laine ou en tricot)

et aussi,

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 2O août 1898)

l'inventeur de l'épave (qui n'est pas toujours un trésor) y est, le plus souvent, nommé et, mention est faite de sa profession, voire même de son adresse. Un bon geste ne doit pas passer inaperçu ...

Peu de dépôts restent alors anonymes :

(Le Phare de la Loire - 20 Octobre 1900)

(ou celui du 14 octobre 1900)

et aussi ...

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 7 octobre 1899)

On le voit, des objets de valeur, argent, bijoux, montre, etc ... sont rapportés au bureau des épaves, situé à la Mairie.

Les enfants ne sont pas les derniers à le faire. Il faut dire que les leçons de "morale" dispensées à l'école étaient précises à ce propos. On ne doit pas garder ce qui ne nous appartient pas !

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 21 octobre 1899)

Parfois même, ces objets trouvés figurent simultanément dans les deux journaux.

(Le Phare de la Loire - 2 juillet 1900)

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 6 juillet 1900)

Auront-ils retrouvé, pour autant, leurs propriétaires ? L'histoire ne le dit pas. Nous pouvons, en tout cas, nous amuser que le Phare de la Loire annonce qu'une ceinture de "bicycliste" a été trouvée, ceinture qui est celle d'un "cycliste" dans le Courrier de Saint-Nazaire !

A l'époque, de nombreux étourdis égarent, comme aujourd'hui encore, leur porte-monnaie, mais aussi leurs clés:

(Le Phare de la Loire - 5 décembre 1899)

Plus insolite, en revanche :

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 7 juillet 1900)

ou plus cocasse: un canard vivant est trouvé par un enfant et n'échappera probablement pas longtemps à la casserole !

(Le Phare de la Loire - 25 janvier 1900)

Quoi qu'il en soit, au début du XXème siècle, le bureau de police semble relayer le bureau des épaves pour certains objets, tel qu'un couteau perdu, par exemple.

(Le Phare de la Loire - 9 décembre 1903)

La police va-t-elle enquêter afin de trouver le propriétaire de ce que l'on pourrait qualifier d'arme potentielle ?

A la lecture des journaux qui ont traversé les années pour nous parvenir, nous constatons que cette rubrique "épaves" devient de moins en moins systématique pour, finalement, disparaître avant 1910.

L'augmentation importante de la population peut expliquer ce changement. Saint-Nazaire, petite sous-préfecture, est devenue une ville à l'essor important. Les journaux s'adaptent à cette évolution et modifient leur ligne éditoriale afin de proposer aux lecteurs, des choix jugés plus importants et intéressants. Les découvreurs sont donc renvoyés à leur anonymat et les "épaves" sont désormais ignorées.

Cette lecture vous est proposée après les recherches et l'écriture de Michèle Bellet, membre de l'atelier de recherche en histoire locale. Nous espérons que vous y aurez trouvé intérêt et plaisir.

Ne manquez pas de retrouver nos articles précédents sur la page -recherche histoire locale- de l'UIA. Bonne lecture et à bientôt.

ATTENTION ! les numéros 14 et 15 de notre blog sont d'ores et déjà sur la page histoire locale. Le récit pourrait commencer ainsi: "il était une fois un paquebot et des hommes: La Lorraine". Evadez-vous !