SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914)...-16
La colombophilie, une passion très en vogue à la Belle Epoque !
La lecture des journaux nazairiens de la Belle Epoque atteste de l'engouement de la population pour la colombophilie (terme apparu vers 1875). La colombophilie est l'art d'élever et de faire concourir des pigeons voyageurs.
La presse relate régulièrement des informations sur les concours et leurs résultats. Ainsi:
(l'avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire, le 4 juin 1887)
Pas de fête sans concours de colombophilie !
Ainsi des festivités sont organisées à l'occasion de la visite à Saint-Nazaire de MM Lebon, Ministre du commerce et Dupuy-Dutemps, Ministre des travaux publics. Un concours de colombophilie est programmé. Un bateau, "Le Manoubia" emmène en mer les délégués et ... les pigeons voyageurs.
(Le phare de la Loire, le 30 juin 1895)
.
et aussi,
(Le courrier de Saint-Nazaire, le 3 août 1900)
La colombophilie fait partie de toutes les fêtes, au même titre que la gymnastique ou la vélocipédie. Durant la Belle Epoque, l'intérêt pour la colombophilie va grandissant.
Nous apprenons que ce fut, durant le siège de Paris par les Prussiens, en 1870, que la colombophilie moderne, jusque-là limitée à quelques cercles d'amateurs, se fit réellement connaître et appréciée du grand public.
64 ballons chargés de pigeons quittèrent la ville. Ils étaient destinés à rapporter à la capitale, assiégée par les troupes allemandes, des nouvelles du Gouvernement. Les dépêches étaient miniaturisées par un procédé mis au point par le photographe Dragon. Les 25 premiers pigeons furent emportés par le ballon "Le Washington". Ils furent ensuite amenés à Tours où s'était installé le Gouvernement. Les pellicules étaient projetées sur un écran et recopiées à la main. Ainsi, Paris pouvait recevoir régulièrement le "journal" des opérations militaires et de la vie du pays.
En 1877, la création de colombiers militaires fit partie du programme de réorganisation de l'armée.
Vers 1900, les pigeons étaient embarqués sur les bateaux et employés comme porteurs de courrier.
Cette passion de la colombophilie va s'organiser en sociétés colombophiles.
La Loire-Inférieure compte, en 1900, 7 sociétés, dont l'Union Colombophile de Saint-Nazaire qui participe régulièrement aux concours organisés. La presse relate régulièrement les résultats de ses participations:
(le courrier de Saint-Nazaire, le 1er septembre 1900)
Tous les ans, la société organise un banquet qui est annoncé par les journaux et auquel les personnalités locales participent, tel le sous-préfet ou Monsieur Kerviler.
(le phare de la Loire, le 10 février 1896)
Des discours sont prononcés sur l'intérêt de la colombophilie. Ainsi Monsieur Kerviler déclare lors de ce banquet qu'il mettra à la disposition du colombier maritime, le bateau des ponts et chaussées. Il note que les gardiens de phare isolés pourraient bénéficier de ces pigeons voyageurs pour communiquer.
Les lecteurs des journaux suivent les résultats des concours auxquels participent les membres de la société colombophile nazairienne.
(Le courrier de Saint-Nazaire, le 2 septembre 1898)
Apparemment, les paris étaient de mise !
(le courrier de Saint-Nazaire, le 24 juin 1899)
Et enfin,
(Le courrier de Saint-Nazaire, le 19 mai 1906)
Des conférences sont organisées:
(la démocratie de l'Ouest, le 28 octobre 1892)
Le conférencier pointe du doigt l'intérêt des pigeons en temps de guerre.
Un intérêt grandissant se fait jour pour la colombophilie maritime.
J. Rosoor (1852-1923) dans son livre sur la colombophilie relate l'expérience de la société "Le Pétrel" de Saint-Nazaire qui inaugura, en juin 1877, les expériences en mer.
Là aussi, on note tout l'intérêt manifesté par le Ministre de la guerre pour ces expériences.
Nous avons trouvé une information relative à l'organisation du banquet annuel de la société Le Pétrel.
(l'avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire, le 5 février 1887)
Dans un autre journal, un journaliste se dit heureux d'apprendre que le Ministère de la marine a installé un colombier de 80 pigeons sur le cuirassé "Brennus". Il rappelle le rôle, décisif selon lui, du journal dans cette décision.
(Le phare de la Loire, le 24 mars 1897)
L'entrée en guerre, en août 1914, signe la fin de la Belle Epoque; les pigeons voyageurs prennent du service dans l'armée. Des colombiers mobiles sont utilisés. Un autobus est aménagé en pigeonnier: le bas servait de réserve de nourriture et de logement pour le soigneur. Les pigeons avaient un rôle très important dans la transmission des informations. Certains furent de véritables héros. Le plus connu d'entre eux s'appelait "Vaillant" et avait obtenu une citation à l'ordre de la Nation.
Cette découverte passionnante et très documentée nous est proposée grâce à Brigitte BOUREAU qui a effectué toutes les recherches documentaires et réalisé l'écriture.
Paru en septembre et disponible à la vente sur le site !
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