SAINT-NAZAIRE à la Belle Epoque (de 1880 à 1914...-17

Quand le train entre en gare de Saint-Nazaire ...

1857 : le 1er train arrive à Saint-Nazaire, grâce au prolongement de la ligne PARIS/NANTES, ouverte en 1851, par la Compagnie de Chemin de Fer d'Orléans.

Du fait des activités portuaires de Saint-Nazaire, mais surtout de la rivalité avec Nantes qui veut garder la prépondérance économique, c'est un évènement longtemps attendu qui est salué par la presse.

(Le Phare de la Loire - 7 août 1857)

Au début du chemin de fer, la gare de Saint-Nazaire n'est qu'un rudimentaire bâtiment en bois. Il faudra attendre 1866 pour qu'une imposante construction en pierre, de 2 pavillons entourant une halle métallique le remplace, rue de Nantes.

Dès sa première année de fonctionnement, cette gare connaît une grande fréquentation (quelques 165 000 voyageurs !).

Grâce à l'arrivée du chemin de fer, Saint-Nazaire est désenclavée, même s'il faut, tout de même, 10 heures pour rallier Paris à Saint-Nazaire...

Ainsi, le Courrier de Saint-Nazaire a l'habitude de présenter dans ses pages les horaires et modifications des horaires des trains, répondant ainsi aux attentes des lecteurs.

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 16 juin 1900)

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 23 juin 1900)

La presse signale aussi les différentes avaries ayant causé des retard.

Retard de 2 h 30, en 1894, pour le train venant de Paris.

(l'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire - 3 mars 1894)

Et les incidents ne sont pas rares. Les conséquences en sont jugées fâcheuses, notamment quand ils conditionnent les horaires de la messe. Ceci témoigne de l'importance de la pratique religieuse en cette fin du XIXème siècle.

(L'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire - 6 décembre 1879)

Il n'empêche. Forte de son succès, la Compagnie des Chemins de Fer affrète des trains spéciaux; les bien nommés " trains de plaisir ", pour certains évènements comme l'Exposition Universelle de 1900.

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 7 juillet 1900)

Les conditions de validité des billets amusent le voyageur d'aujourd'hui, lui-même confronté, parfois, à la complexité des tarifs pour un voyage par le train ...

(le Courrier de Saint-Nazaire - 16 juin 1900)

Moins amusant, on trouve aussi, en bonne place dans la presse, le récit d'accidents ferroviaires. On ne manque pas d'être étonné par le réalisme cru du journaliste qui relate la mort tragique d'une femme sous les roues d'un train.

(La Démocratie de l'Ouest - 14 octobre 1892)

Le ton est devenu plus sobre, quelques années plus tard, pour un accident tout aussi grave, ayant également causé la mort d'une femme.

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 7 juillet 1900)

Plus amusant, la narration d'une collision entre un véhicule hippomobile et un train de manoeuvre, cette même année 1892.

(L'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire - 24 avril 1892)

Le Chroniqueur salue l'acte de bravoure de ce brigadier qui n'hésita pas à se mettre en danger afin de maîtriser le cheval emballé. On s'y verrait presque ... En tout cas, on le constate, le transport hippomobile coexiste avec le train de façon plus ou moins heureuse ! D'ailleurs, en 1880, un autre moyen de transport collectif de voyageurs, la diligence, est mis en place pour desservir certaines localités. Trignac, par exemple.

Comme aujourd'hui, il arrive que les usagers ne soient pas satisfaits et ils le font savoir dans la presse. Ainsi un voyageur mécontent fait publier une longue lettre dans l'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire du 21 mars 1886.

Les journaux se font l'écho des réclamations des voyageurs. Voyez donc un article de l'Union Bretonne, repris par le Courrier de Saint-Nazaire, le 20 juillet 1879.

La vie du rail intéresse les lecteurs: horaires, avaries, accidents, dysfonctionnements, mais aussi, faits divers, même les plus sordides comme celui-ci:

(le Courrier de Saint-Nazaire - 23 juin 1900)

Les journaux de l'époque reflètent bien l'engouement d'alors pour ce nouveau mode de transport.

Par la suite, face au succès constant, d'autres lignes vont être ouvertes.

Une ligne Saint-Nazaire/Le Croisic est mise en service en 1879, faisant suite à un décret impérial du 19 juin 1866 la déclarant " d'utilité publique ".

L'ouverture d'une seconde voie, toujours vers Le Croisic et entre Montoir et Savenay, est rapidement décidée.

(Le Courrier de Saint-Nazaire - 20 août 1898)

En juillet 1907, la ligne Saint-Nazaire/La Roche Bernard fonctionne.

S'il y a le transport des voyageurs, il y a également le transport de marchandises. Dès 1893, les quais du bassin de Penhoët sont parcourus de nombreuses voies ferrées.

Saint-Nazaire n'est plus isolée ! La vie des voyageurs en est, certes, à tout jamais changée. Mais pas seulement. L'activité portuaire se développe de façon spectaculaire. Le transport des marchandises est facilité et plus rapide. L'acheminement du poisson vers la Capitale, par exemple, se fait, désormais, dans de meilleurs délais. L'activité économique portuaire connaît un essor considérable. Par conséquent, les habitants bénéficient de ce  fort développement économique.

Ainsi, en 1857, avec le premier train, c'est bien le progrès qui est entré en gare de Saint-Nazaire.

Cette expédition ferroviaire est présentée à votre lecture par l'atelier de recherche en histoire locale de l'UIA, grâce aux recherches et à l'écriture de Michèle BELLET;

Bonne lecture et à très bientôt.